Rien de nouveau à l’Office des étrangers

Pendant des années, je me suis battue aux côtés des étrangers en recherche de protection chez nous.

Parmi eux, il y avait sans aucun doute un certain nombre de personnes recherchant ce que l’on a coutume d’appeler un « eldorado », et même, sans doute, des mafieux …

Beaucoup cependant fuyaient réellement une misère impitoyable, des traitements innommables ou la mort à plus ou moins brève échéance.

J’ai constaté que les gens de chez nous sont souvent opposés à la présence de tous ces « étrangers », ressentis comme des profiteurs : la popularité de Maggie DE BLOCK, qui a introduit une dureté sans faille dans l’examen des dossiers, en est une manifestation.

J’ai heureusement rencontré aussi de nombreux Belges accompagnant ces étrangers, prêts à beaucoup de choses pour les aider.

Il faut bien admettre que le fait de rencontrer une vraie personne vivant une situation de ce genre permet de se rendre compte concrètement de ce que signifie « demander l’asile ».  De se rendre compte également de ce que signifie vivre ici pendant des années, loin des siens, de ses racines, de sa culture, des sépultures de ceux qui ont été aimés, confronté aux difficultés liées aux procédures, aux difficultés de se soigner, de se loger …

Une pétition circule concernant Joël, un petit enfant rwandais menacé d’expulsion alors qu’il souffre d’une maladie qui ne peut être soignée dans son pays d’origine.

Voici le lien : https://lapetition.be/en-ligne/Pour-la-regularisation-de-joel-5-ans-gravement-malade-et-sa-maman-menaces-d-expulsion-vers-le-rwanda-15765.html

L’explication de ce genre de situation est assez simple, finalement :

  • nous, les Belges (mais les autres Européens aussi) nous sentons menacés d’invasion par « toute la misère du monde » (nous ne sommes absolument pas conscients du fait que la toute grande majorité de ceux qui fuient une situation intenable se réfugient dans les pays avoisinants : les Syriens se trouvent majoritairement en Turquie, au Liban etc… par centaine de milliers sinon par millions)
  • nous estimons donc avoir à nous protéger contre cette invasion
  • en conséquence, notre gouvernement durcit  la législation et la manière de l’appliquer

Bien entendu, tout le monde n’a pas voté pour les partis formant le gouvernement actuel.  Ni même pour les partis qui ont formé le gouvernement précédent.

Cependant, il faut qu’un visage, celui d’un enfant tout particulièrement, apparaisse pour que la mobilisation se fasse.  Je n’ai pas vu beaucoup de réaction populaire chaque fois que la législation s’est durcie.  Ni lorsque l’on souligne la manière abusive dont l’office des étrangers l’applique.

Alors, j’espère qu’à force de pétitions en faveur d’un enfant, les coeurs vont s’ouvrir pour que le peuple se lève en faveur de nos frères humains fuyant la terreur, qui tentent d’obtenir chez nous un minimum de sécurité.

A part tenter de combattre les « trafiquants d’êtres humains » (mais enfin, comment un demandeur d’asile peut-il arriver chez nous si ce n’est à l’aide d’un passeur?) et répartir les bénéficiaires de l’asile dans les différents pays européens, que fait l’Europe, à part pleurer des larmes de crocodiles lorsque des dizaine, des centaines, non, des milliers de candidats à l’asile se noient en Méditerranée?

Il nous faut réfléchir sur notre responsabilité à nous, citoyens des pays riches, dans l’état du monde, qu’il s’agisse de l’environnement (nous pouvons acheter le droit de continuer à polluer l’atmosphère), de l’utilisation des matières premières (la « loi » européenne sur la traçabilité des minerais du sang a failli ne pas passer), des politiques menées dans les pays dont proviennent les demandeurs d’asile (il faut bien reconnaître que nous avons protégé les dictateurs de tout acabit ainsi que les profiteurs, tant que cela nous rapportait).

J’ai bien entendu signé la pétition, et j’espère qu’elle recueillera énormément de signatures.

 

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